Huy au coeur de la Wallonie
Huy au coeur de la Wallonie, sur la Meuse,
est idéalement située entre Namur et Liège, en Wallonie. C’est là que, jadis, les caravanes des barges tirées par les chevaux faisaient escale. Un jour de halage correspondait à une trentaine de kilomètres, raison pour laquelle les villes situées sur la Meuse se trouvent à +/- 30kms l’une de l’autre…
La Ville compte parmi les plus anciennes du Pays. Son origine est inconnue mais on l’attribue volontiers aux Romains. Des chroniqueurs rapportent que l’empereur romain Antonin, dit Le Pieux, arriva à Huy en l’an 148 selon René Dubois, et que, sous le charme, il décida de bâtir un château sur le rocher qui dominait le bourg qui se développa donc à cette époque autour du castrum de la rive droite.
Les origines
L’origine du mot « Huy » est controversée. Certains l’attribuent au terme de l’ancien français « Hohi », signifiant « Hauteur » ; d’autres, tel René Dubois, pensent que le mot provient du nom de la rivière qui traverse la Ville : le Hoyoux dont l’appellation primitive était Hoyum. Le cours d’eau conserva le diminutif Hoyolus, devenu Hoyoux.
Aux temps de l’empereur Antonin, selon la tradition, Huy aurait porté le nom de « Cité Bienfaite » et le château de « Bienassis ».
Dès le IIe siècle, au pied du rocher, Saint Materne aurait dédié à la Vierge un sanctuaire, ancêtre de notre Collégiale. Avant l’an mil, l’histoire de Huy est assez peu connue. Seuls quelques documents jettent un peu de lumière sur cette période demeurée obscure de la vie de notre cité.
Mention en est faite, pour la première fois, en 636 dans un testament.
La Ville fut d’abord la capitale d’un comté sur lequel il n’existe que peu de renseignements. Le dernier comte, Ansfrid, en fera don à Notger, évêque de Liège, en 985. La Principauté de Liège était un Etat de l’Empire d’Allemagne.
Saint Domitien, évêque de Tongres, évangélisa la cité mosane dès le VIe siècle et les Hutois le choisirent comme premier patron de leur ville. Cet effort de conversion fit surgir deux églises : une dédiée à Notre-Dame en 634 et une à Saint Côme.
Marché régional et étape de batellerie, Huy offre l’image d’une cellule économique de taille réduite, mais très active, qui caractérise l’époque mérovingienne. L’existence d’un atelier monétaire très productif et la présence sur les coteaux voisins de vignobles prospères suffisent à attester les développements qu’avait pris, au VIIe siècle, l’agglomération née au confluent de la Meuse et du Hoyoux. Le quartier Batta accueille alors les premières industries : fonderies de bronze, tailleurs de corne, d’os et potiers.
Dans la nouvelle géographie administrative que l’empereur germanique Otton Ier met sur pied, Huy devient le siège d’un comté en 941, qui n’eut cependant qu’une existence éphémère, son dernier titulaire, Ansfrid, s’en dessaisissant au profit de l’église de Liège en 985. Huy suivit dès lors les destinées de la Principauté de Liège, dont elle devint la seconde » bonne ville « .
Le climat commercial décelé deux siècles plus tôt alla en s’amplifiant. La prospérité urbaine, marquée par l’extension des zones d’habitat, donna bientôt aux marchands de la cité une conscience collective de leurs droits. Sur les bords du Hoyoux plus particulièrement, nombreux étaient les tanneurs, foulons, chaudronniers, menuisiers… Le métier le plus puissant fut celui des fèbvres. La métallurgie hutoise remonte indiscutablement fort loin dans le passé et, favorisés par le Hoyoux propice à l’établissement de roues hydrauliques, les forges et fourneaux connurent à Huy, dès le Moyen Age, un âge d’or sans précédent. La batterie de cuivre, industrie florissante dans la cité hutoise, fut exportée dans toute l’Europe dès le XIe siècle. Citons d’illustres artistes : Renier de Huy (fonts baptismaux Saint-Barthélemy à Liège) et Godefroid de Claire (châsses de Saint-Mengold et Saint-Domitien à la collégiale de Huy).
La Charte de Liberté
Précurseur dans la vie commerciale, Huy le fut également en politique.
En 1066, l’évêque Théoduin de Bavière, en échange de la moitié de leurs biens meubles pour financer la reconstruction de la collégiale Notre-Dame, accorda aux hutois une charte de libertés, première du genre en Europe occidentale.
Le temps des Croisades
Sur le plan religieux, la première croisade (1096-1099) amène sur nos terres le célèbre prédicateur Pierre l’Ermite, parti haranguer les foules et fondateur, d’après la légende, de l’abbaye du Neufmoustier, tandis qu’en » Clair Lieu » se crée le couvent qui deviendra la maison-mère de l’ordre des Croisiers.
La draperie constitue le moteur économique des XIIIe et XIVe siècles. La découverte de monnaies hutoises en Russie et en Scandinavie témoigne de l’importance commerciale de la ville de Huy à cette époque.
Le château devient une puissante forteresse, servant de retraite aux princes liégeois en conflit avec leurs sujets. Il fut considérablement agrandi, aménagé, bardé de tours et de murailles supplémentaires, mais aussi embelli et enrichi de diverses salles.
Huy devint alors une ville de plaisirs et vit se déployer dans toutes leurs splendeurs le faste et l’opulence de la cour de Bourgogne. C’est de ce XVe siècle que date également le choix symbolique du château comme emblème de la ville.
Mais la brillante destinée que connut Huy jusqu’alors se ternit peu à peu : Huy devient victime de sa position stratégique.
La forteresse dut subir de nombreux sièges (douze en trente ans) et incendies, pillages, massacres et épidémies ravagèrent à de nombreuses reprises la belle cité mosane.
La culture de la vigne, jadis si prospère (500.000 litres de Briolet par an), périclite suite à ces multiples invasions et les vignerons hutois ne sont malheureusement plus légion de nos jours.
Victor Hugo
Victor HUGO écrivait déjà: » Les collines se rapprochent, la rivière et la route se rejoignent ; on aperçoit de vastes bastions accrochés comme un nid d’aigle au fond d’un rocher, une belle église du XIVème siècle accostée d’une haute tour carrée, une porte de ville flanquée d’une douve ruinée. Force charmantes maisons inventées pour la récréation des yeux par le génie si riche, si fantastique et si spirituel de la renaissance, se mirent dans la Meuse avec leurs terrasses en fleurs des deux côtés d’un vieux pont. On est à Huy. Huy et Dinant sont les deux plus jolies villes qu’il y ait sur la Meuse…..Huy est à moitié chemin entre Namur et Liège de même que Dinant entre Namur et Givet. Huy, qui est encore une redoutable citadelle a été autrefois une belliqueuse commun et et à soutenu des sièges contre ceux de Liège.
Après Huy recommence ce ravissant contraste qui est tout le paysage de la Meuse. Rien de plus sévère que ces rochers; rien de plus riant que ses prairies. Il y a là quelques collines hérissées de ceps et d’échalas qui donnent un vin quelconque. C’est, je crois, le seul vignoble de Belgique… »
En 1715, le Traité de la Barrière ordonne la destruction du Tchestia, fleuron de l’architecture militaire européenne. Mais heureux d’être débarrassés de la cause de tous leurs malheurs, les Hutois s’employèrent à démonter leur château pierre par pierre. Durant un siècle, le piton rocheux demeura vierge de toute construction.
Ce n’est que le 6 avril 1818 qu’est posée la première pierre du fort actuel, qui ne servit jamais de position d’attaque, mais connut les souffrances de nombreux militaires pendant les deux premiers conflits mondiaux de ce XXe siècle.
Huy peut enfin respirer et c’est encore l’essor des activités comme la papeterie, l’orfèvrerie et plus tard l’industrialisation, qui permit, au XIXe siècle, à plusieurs familles hutoises de connaître la fortune (citons les Delloye, les Godin), surnommant d’ailleurs Huy » La Ville aux Millionnaires « .
Au pays nouveau qui naquit en 1830, la Ville de Huy offrit un des siens en la personne de Joseph Lebeau.
Si la crise actuelle n’épargne pas la ville de Huy et ses anciennes industries, la production de pièces en étain reste un des fleurons de l’artisanat local et s’exporte internationalement.
Huy a su s’adapter et le tourisme est devenu un des points forts de la cité. Monuments historiques, sites naturels d’une rare beauté, édifices religieux et architecture civile attendent les visiteurs, nombreux à se presser aux portes de Huy.
Made in Belgium!
Quelques uns de nos personnages célèbres….
Pierre l’Ermite né à Amiens vers 1050, serait mort à Huy dans le couvent de Neufmoustier en 1115.
Arlette de Huy, la mère de Guillaume le Conquérant, elle a sa statue près de la grand place.
Théoduin de Bavière, enterré à la collégiale Notre-Dame de Huy depuis 1066, qu’il fit construire.
Renier de Huy, orfèvre mosan, auteur probable des fonts baptismaux de la collégiale Saint-Barthélemy de Liège est né à Huy au XIIe siècle.
Godefroy de Huy, nommé aussi Godefroy de Claire, orfèvre mosan, né à Huy au XIIe siècle.
Jean Colin-Maillard, guerrier Hutois ayant combattu le comte de Louvain au xe siècle.
Sainte Ivette de Huy (1157-1228), veuve, recluse et mystique.Patrick Sarsfield (irlandais:Pádraig Sáirséal), né vers 1660 à Lucan (Irlande), mort peu après la bataille de Neerwinden (29 juillet 1693) à Huy, est un militaire irlandais du parti jacobite.
Jean-Joseph Merlin, né le 17 septembre 1735 à Huy, mort le 4 mai 1803 à Londres, est un inventeur.
Joseph Lebeau (1794-1865), homme politique à qui l’on doit l’élection de Léopold de Saxe-Cobourg-Gotha au trône de Belgique.
Nestor Martin en 1859, un petit atelier à Huy, pour y construire des poêles, il fonda un combinat industriel où plus de 4 000 ouvriers travaillaient en 1958.
Joseph Colmant, docteur en médecine (1903-1944), figure de la résistance.
André Thirifays, né à Huy en 1903 et décédé en 1992, figure de la cinéphilie belge. Principal fondateur de la Cinémathèque belge.
Le père Dominique Pire, né à Dinant le 10 février 1910, mort à Louvain le 30 janvier 1969, prix Nobel de la paix en 1958.
Maurice Tillieux, né à Huy en 1922, mort en 1978 : dessinateur et scénariste de bandes dessinées.
André Malherbe, ancien champion de motocross.
Eric Legnini, pianiste de jazz belge.
Anne-Marie Lizin, femme politique et féministe.
Marcel Dossogne (1944-), acteur.
Jean-Marie Degèsves (1945-1999), réalisateur et acteur.
Fanny Félicie Florentine Pardon-Godin (1902-), supercentenaire et doyenne de Belgique depuis le 11 mai 2012.
La charte de Huy (1066)
En 1053, la ville de Huy avait été incendiée à la suite d’une expédition du comte de Flandre, Baudouin V. Dans les années qui suivirent, Huy se releva peu à peu de ses ruines sous l’impulsion du prince-évêque Théoduin. Ce prélat décida de faire de la ville détruite un centre puissamment fortifié qui défendrait à la fois le passage de la Meuse et l’accès du Condroz et de l’Ardenne. La ville serait ainsi prémunie contre les ambitions territoriales des comtes de Namur et de Louvain ainsi que des expéditions militaires des comtes de Flandre et de Hainaut.
Ce projet réclamait des sommes considérables dont le prince-évêque ne disposait pas. Il fit alors appel au concours financier des bourgeois de la ville qui acceptèrent de verser une contribution volontaire s’élevant à un tiers puis à la moitié de leurs biens meubles.
En remerciement et en compensation de cette aide financière, le prince-évêque octroya, le 27 août 1066, une charte de franchise aux bourgeois de Huy.
Cette charte de franchise faisait de Huy un endroit privilégié en regard des territoires voisins. Elle conférait aux habitants de la cité un statut de bourgeois particulièrement favorable à l’essor social et économique de la ville. Elle établissait :
Le statut juridique des habitants
Le droit et les procédures pénales (interdiction de vengeance privée et recours obligatoire aux tribunaux)
Les procédures en matières civile et commerciale menant à un recours systématique au serment et aux conjurateurs, ainsi qu’à un meilleur fonctionnement du crédit
Les obligations militaires des bourgeois qui ne devaient le service armé au prince-évêque que dans de rares cas.
Les droits seigneuriaux vis-à-vis des serfs étaient aussi limités, ce qui leur enlevait leur caractère arbitraire.
Le prince-évêque, en attribuant cette charte, voulait la carte d’une bourgeoisie naissante pour se prémunir contre les féodaux voisins qui étaient beaucoup moins sûrs.